Aujourd’hui je vous parle d’un essai que j’ai adoré, intitulé « Politiser le bien-être », écrit par Camille TESTE, journaliste, militante féministe et professeure de yoga.
En devenant professeure de yoga, l’autrice intègre le monde du bien-être et y observe plusieurs phénomènes qui la questionnent. Dans cet essai, elle expose son analyse de ce qui constitue la culture du bien-être, en considérant dans quel contexte le marché du bien-être s’est développé ces dernières années, en l’occurence dans un contexte capitaliste, classiste et patriarcal (mais pas que).
J’ai personnellement trouvé son analyse passionnante, et au-delà de ça, ce livre m’a fait beaucoup de bien ! Notamment car il insiste sur le fait que nous nous sentons souvent seul.e responsable de notre bonheur, et que nous tentons de résoudre tous nos problèmes de façon individuelle, alors que nombre d’entre eux relèvent plutôt d’un enjeu collectif et politique.. De plus, je pourrai en réutiliser de nombreuses notions pendant mes consultations en espérant que cela pourra être bénéfique aux personnes que j’accompagne.
Voici un extrait issu des premières pages :
« Dans le milieu du bien-être, il est d’usage de promettre aux gens de grandes choses : une meilleure vie, un équilibre psychologique, corporel et spirituel, bref, le bonheur. Pour atteindre ces états complexes, dont on cherche pourtant le chemin depuis l’Antiquité, il suffirait de s’auto-optimiser, grâce à des pratiques allant de la nutrition au fitness, en passant par la méditation, le développement personnel, les soins esthétiques, le coaching et une multitude de pratiques aux accents New Age. Cette logique de perfectionnement en continu, qui implique de consommer toujours plus, est une aubaine pour le capitalisme. Par ailleurs, ces pratiques individuelles, souvent présentées comme des solutions aux problèmes collectifs, nourrissent une logique des petits gestes, idéale pour ne surtout rien changer.
Enfin, il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser qu’outre les abus et autres dérives sectaires présent.es dans ce secteur, les pratiques, outils et espaces de bien-être, volontiers présentés comme des solutions destinées à toutes, étaient en fait surtout structurés pour convenir à des personnes jeunes, riches, blanches, minces et valides. »
Dans ce livre j’ai aimé :
- Cet essai aborde de nombreuses notions relativement complexes tout en restant très accessible et très agréable à lire.
- Un point d’honneur est mis sur le risque que cela représente de continuer de se sentir seul.e responsable de son propre bonheur, dans une société où de nombreuses violences institutionnelles rendent ce bonheur peu accessible et surtout inégalement accessible selon les privilèges que l’on a ou pas (la classe sociale, la couleur de peau, l’état de santé etc.)
- Les informations sont sourcées et chiffrées, par exemple : selon les rapports du Global Wellness Institute, le marché mondial du bien-être génère un chiffre d’affaire annuel de 4400 milliards de dollars.
- L’autrice met en lumière les travaux d’autres personnes : la philosophe Alenka ZUPANCIC, la sociologue Danièle LINHART ou encore la sexothérapeute Betty MARTIN.
Si vous êtes un.e professionnel.le de la santé et/ou du bien-être, l’auteure consacre toute une partie à la question « À quelles conditions les pratiques de bien-être pourraient-elles être bénéfiques, socialement et politiquement ? ». Dans cette partie, elle expose précisément plusieurs changements possible dans notre façon d’exercer de façon à être plus respectueuse / respectueux des autres, par exemple en prenant conscience de l’appropriation culturelles et de ses conséquences, ou encore en cultivant la lenteur et la vulnérabilité plutôt que la performance constante.
Ce livre est indéniablement une de mes lectures préférées de l’année, je ne peux que vous le recommander !
Avez-vous déjà lu ce livre ? N’hésitez pas à partager vos avis à ce sujet !