Je crois que j’ai des troubles alimentaires, par où commencer ?

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Cet article traite des TCA : les Troubles des Conduites Alimentaires.
Ce sont des pathologies dont les symptômes concernent essentiellement le rapport à l’alimentation et le rapport au corps. Pour autant, il est fréquent que d’autres sphères de vie soient affectées : les relations aux autres (sentimentales, amicales…), l’activité physique, le sommeil etc.

Parmi les personnes sujettes aux TCA, malheureusement toutes ne sont pas conscientes que leurs souffrances et leurs difficultés évoquent une véritable pathologie. Le sujet est encore méconnu, parfois tabou. De plus, les TCA peuvent être banalisés au sein d’une société où le contrôle (de l’alimentation, du corps, mais pas seulement), la perfection et la performance sont largement encouragés et valorisés.

Certaines personnes rencontrent des difficultés alimentaires sans que leurs symptômes répondent aux critères permettant de diagnostiquer un TCA. On parle alors d’un trouble alimentaire dit “sous-clinique” ou encore d’alimentation troublée.

Quelques mots sur les causes des TCA

Pour commencer, rappelons que pour la plupart des personnes concernées, les TCA ont plusieurs causes, et non une seule.

Souvent, on parle « d’évènement déclencheur » ou de « porte d’entrée » : un évènement de vie est identifié comme le début du trouble alimentaire. Cela peut par exemple être un épisode de stress majeur, une pathologie, un évènement traumatique ou encore la pratique d’un régime hypocalorique.

En réalité, même si cet évènement déclencheur existe, il a souvent lieu dans un contexte propice au développement du trouble alimentaire. Par exemple, la plupart des personnes qui développent un trouble alimentaire vivent dans une société où la minceur est largement encouragée et valorisée, incitant au contrôle de son alimentation dans le but de contrôler son apparence. De plus, il est fréquent que la personne qui développe un trouble alimentaire se trouve dans une situation de vulnérabilité psychologique depuis plusieurs années (faible estime de soi, dépression, 

Ensuite on observe un effet boule de neige qui enlise la personne dans des symptômes qui s’auto-alimentent. Par exemple, la restriction calorique est un symptôme à l’origine d’un autre symptôme : les compulsions alimentaires ; Mais ces mêmes compulsions alimentaires sont désagréables et anxiogènes, ce qui pousse la personne concernée à vouloir s’en débarrasser en accentuant le contrôle de son alimentation, et donc en accentuant la restriction calorique.

Les 3 évènements déclencheurs que j’observe le plus souvent sont, dans l’ordre du plus fréquent au moins fréquent :

  • Un régime, ou un rééquilibrage alimentaire, ou simplement le début d’une période ou la personne « fait attention » à ce qu’elle mange : c’est le début des règles alimentaires, des restrictions et donc tôt ou tard des moments où la personne commence à enfreindre ces règles, ce qui génère de la culpabilité et un sentiment de perte de contrôle.
  • La mise en place de l’évitement émotionnel. Il se passe quelque chose (ou bien une succession d’évènements) dans la vie de la personne, ce qui génère une grande souffrance, une grande détresse émotionnelle. Cette personne a donc besoin de trouver rapidement un moyen d’anesthésier ses émotions, et alors un symptôme des TCA peut apparaître de façon isolée, par exemple une compulsion alimentaire, une restriction intense ou encore un vomissement provoqué. Souvent, cette « stratégie d’évitement » fonctionne plutôt bien sur du court terme et la personne répète le comportement plusieurs fois, ce qui facilite l’entrée dans les TCA.
  • La honte de son corps, pouvant être due à plusieurs causes (faible estime de soi, dévalorisations répétées par autrui, traumatismes…) . Cela pousse la personne à rejetter son corps, à l’ignorer, à vouloir en changer, ou même à vouloir le punir. Cela a souvent des répercussions sur l’ensemble des besoins physiques, donc l’alimentation se dérègle rapidement.

Par où commencer pour sortir des TCA ?

Aujourd’hui la grande majorité des TCA débute par une période de restriction calorique et cognitive, sur un terrain de vulnérabilité génétique et environnementale.

Donc si vous cherchez par où commencer,  il se pourrait bien que ce soit par là : travaillez sur votre restriction cognitive et identifiez davantage vos besoins (faim et envies) afin d’y répondre au mieux, je reviendrai sur ces 2 points plus en détails par la suite.

Toutefois l’existence d’un ou de plusieurs évènements traumatiques (par exemple des violences physiques, verbales, sexuelles ; un cambriolage ; un décès ; un pathologie ; un accident grave…)

Donc voici une autre piste à explorer, si vous savez ou pensez avoir vécu un ou plusieurs traumatismes, il est essentiel que cela soit pris en charge car il est possible que vous en souffriez encore aujourd’hui. Dans ce cas, une prise en charge psychologique par une personne formée est sûrement la meilleure chose que vous puissiez faire pour vous.

Guérir seul.e ou accompagné.e ?

C’est peut-être l’une des premières questions à se poser.

Les TCA sont des pathologies, et non des caprices ou encore un manque de volonté.

Si vous aviez un cancer, un diabète ou une maladie de Crohn, essayeriez-vous de guérir seul.e ?

Les TCA sont des pathologies chroniques et complexes, non comprises dans leur intégralité encore aujourd’hui.  Ce qui explique qu’en guérir sans être accompagné.e par des professionnel.le.s de santé formé.e.s reste possible mais rare, et surement plus long.

De plus, nous sommes des êtres sociaux et nous avons fondamentalement besoin des autres au quotidien. L’idée qu’il y aurait un grand mérite à se débrouiller seul.e, se construire seul.e est très répandue et peut faire beaucoup de mal.

Individuellement, nous n’avons pas toutes les connaissances, toutes les clés, et se faire accompagner par des personnes ayant des compétences complémentaires aux nôtres peut être extrêmement salvateur. De plus, il est extrêmement compliqué de prendre du recul seul.e au sujet de sa propre situation, être accompagné.e par un.e ou plusieurs professionnel.le.s est donc souvent nécessaire.

En tant que professionnelle de santé, j’ai par exemple le devoir de mettre toutes mes connaissances et mes compétences professionnelles au service de l’amélioration de l’état de santé des patient.e.s qui me sollicitent. 

S’entourer des influences bénéfiques

Ceci est valable pour nos proches ainsi que pour les réseaux sociaux

Fréquenter certaines personnes ou entendre certains propos peut nous être très bénéfique ou à l’inverse nous faire du mal.

Les réseaux sociaux sont une mine d’information et ce contenu est gratuit. Profitez-en ! Et en même temps, c’est également une mine de comptes  qui prônent (même inconsciemment) la diet culture, la grossophobie, le corps objet, le perfectionnisme et l’hyper contrôle.

Je ne peux que vous conseiller de consommer le contenu qui vous fait vous sentir mieux, et de vous faire confiance : si certains propos ou certaines photos vous font ressentir de la gêne ou de la culpabilité, essayez de ne plus vous y exposer pour voir si cela vous est bénéfique.

Il en est de même pour les relations familiales, amicales, sentimentales, professionnelles… Changez certaines dynamiques de façon progressive, même si cela peut être compliqué, car cela s’avère souvent très libérateur.

Déconstruire la restriction cognitive (ou au moins, commencer)

Si vous avez un TCA ou même une alimentation troublée, la probabilité que vous ayez de la restriction cognitive est proche de 100%.

La probabilité que vous ayez besoin de la déconstruire est proche de 100% elle aussi…

Alors si vous ne souhaitez pas / ne pouvez pas être accompagné.e, je vous invite à trouver du contenu gratuit et des exercices sur le sujet. Vous trouverez sur ce site un article complet sur le sujet.

Si vous souhaitez être accompagné.e, assurez-vous que cette thématique soit abordée dans votre suivi.

Pour rappel, la restriction cognitive c’est toutes les intentions de contrôler votre alimentation dans le but de contrôler votre poids (en perdre ou ne pas en prendre) ou votre silhouette.

Manger davantage selon ses propres besoins

Vos besoins alimentaires s’expriment notamment par vos sensations de faim et vos envies.

  • Y-a-t-il une cohérence entre les horaires de la journée auxquels vous avez faim et vos prises alimentaires ?
  • Vos choix alimentaires sont-ils majoritairement faits selon vos envies ? ou bien selon votre mental ?

La faim et les envies sont des thématiques que l’on aborde TOUJOURS en consultation même avec les personnes qui pensent ne pas en avoir besoin au début… Donc je ne peux que vous conseiller d’y réfléchir et d’essayer quelques ajustements, par exemple en ajoutant une collation dans la matinée et/ou dans l’après-midi si vous avez faim et/ou envie.

Ne pas identifier ses besoins (ses sensations de faim et ses envies) ou ne pas y répondre va automatiquement engendrer des manques  (déficit énergétique et/ou déficit en nutriments et/ou frustration) à l’origine d’envies de manger intenses et d’une impulsivité vers la nourriture.

Se parler avec respect et bienveillance

Je suis moche, nulle, grosse, difforme, dégueulasse, insignifiante, ratée, pas aidée, horrible…

Si vous vous reconnaissez dans ces phrases, pour votre bien-être il me semble essentiel d’amorcer un changement dans la façon dont vous vous percevez et dont vous vous parlez

Personne d’autre n’oserait vous parler comme ça, et vous même vous ne parleriez jamais comme ça aux autres…

Vous avez le droit de refuser que votre juge intérieur prenne autant de place. Vous avez le droit d’être considéré.e avec respect et bienveillance.

Alors, pour commencer vous pouvez tenter cet exercice : lorsqu’une pensée dévalorisante ou jugeante se présente, faites l’effort de vous formuler une pensée alternative plus neutre, plus bienveillante et respectueuse.

Par exemple, « je suis moche » peut devenir « aujourd’hui je constate que je ne me trouve pas belle… et en même temps je conçois que je ne suis peut-être pas très objective ».

Accueillir ses émotions

La colère envers soi, la culpabilité constante, la honte, voire même le dégoût de son propre corps, vous connaissez sans doute…

Les TCA engendrent beaucoup d’émotions très désagréables… et parfois ces émotions poussent à manger pour se réconforter. Comme cette réaction (naturelle) n’est pas acceptée, la culpabilité est encore plus intense, et c’est un cercle vicieux sans fin.

Une grande partie de la thérapie vers la guérison aborde le vécu des émotions. Vous pouvez donc entamer ce travail sur vos émotions qui vous aidera sans doute.

Dans une situation donnée : Que se passe-t-il ? de l’angoisse, de la contrariété, du désespoir ? Apprenez à nommer vos émotions le plus précisément possible.

Et dans votre corps, que ressentez-vous ? une boule dans la gorge, de l’agitation, un noeud au ventre ?

De quoi pensez-vous avoir besoin ? de manger, d’un câlin, d’appeler une amie, d’aller marcher dans la nature ? Faites des essais, apprenez à vous connaître et à prendre soin de vous de façon adaptée à vos besoins.

J’espère que cet article vous aura donné l’envie et l’espoir d’explorer une ou plusieurs pistes, et que cela vous aidera à sortir progressivement des troubles alimentaires.

N’hésitez pas à soutenir l’article s’il vous a plu, et à le partager à des personnes à qui il pourrait être utile.

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